2008-03-04

Nobelpristagarmaraton, del 1: 1901

Namn: Sully Prudhomme (1839-1907)

Land: Frankrike

År: 1901

Läst bok: Poésies (1865-1866), 080214-080229

Betyg: 2

Jag är ingen storkonsument av lyrik. Jag kan faktiskt inte på rak arm komma ihåg när jag senast läste en diktsamling. Därför har jag lite svårt att bedöma kvalitén i den lyrik jag läser. (Inte för att jag är någon litteraturvetare heller, men när jag läser skönlitteratur har jag ändå en hel del att jämföra med.) Sully Prudhomme var alltså den första nobelpristagaren i litteratur. I uppslagsverken kan man idag läsa att han skrev tämligen sentimentalt och romantiskt och jag kanske är benägen att hålla med. Det handlar om unga flickor, kvinnor, naturens skönhet och varför vi måste dö. Tydligen var han noga att hålla sig till formen i sin lyrik.

Några av dikterna fastnade jag särskilt för: ”L’habitude”, ”Intus” och ”Les Vénus”.

L’habitude

L’habitude est une étrangère
Qui supplante en nous la raison:
C’est une ancienne mènagère
Qui s’installe ans la maison.

Elle est discrète, humble, fidèle,
Familière avec tous les coins ;
On ne s’occupe jamais d’elle,
Car elle a d’invisibles soins :

Elle conduit les pieds de l’homme,
Sait le chemin qu’il eût choisi,
Connait son but sans qu’il le nomme,
Et lui dit tout bas : « Par ici. »

Travaillant pour nous en silence,
D’un geste sûr, toujours pareil,
Elle a l’œil de la vigilance,
Les lèvres douces du sommeil.

Mais imprudent qui s’abandonne
A son joug une fois porté !
Cette vielle au pas monotone
Endort la jeune liberté ;

Et tous ceux que sa force obscure
A gagnés insensiblement
Sont des hommes par la figure,
Des choses par le mouvement.

Intus

Deux voix s’élèvent tour à tour
Des profondeurs troubles de l’âme :
La raison blasphème, et l’amour
Rêve un dieu juste et le proclame.

Panthéiste, athée ou chrétien,
Tu connais leurs luttes obscures ;
C’est mon martyre, et c’est le tien,
De vivre avec ces deux murmures.

L’intelligence dit au cœur :
« Le monde n’a pas un bon père.
Vois, le mal est partout vainqueur. »
Le cœur dit : « Je crois et j’espère.

« Espère, ô ma sœur, crois un peu :
C’est à force d’aimer qu’on trouve ;
Je suis immortel, je sens Dieu. »
—L’intelligence lui dit : « Prouve ! »

Les Vénus

Je revenais du Louvre hier.
J’avais parcouru les portiques
Où le chœur des Vénus antiques
Se range gracieux et fier.

A ces marbres, divins fossiles,
Délices de l’œil étonné,
Je trouvais bon qu’il fût donné
Des palais de rois pour asiles.

Comme j’allais extasié,
Vint à passer une pauvresse ;
Son regard troubla mon ivresse
Et m’emplit l’âme de pitié :

– Ah ! m’écriai-je, qu’elle est pâle
Et triste, et que ses traits sont beaux !
Sa jupe étroite est en lambeaux ;
Elle croise avec soin son châle ;

Elle est nu-tête ; ses cheveux,
Mal noués, épars derrière elle,
Forment leur onde naturelle :
Le miroir n’a pas souci d’eux.

Des piqûres de son aiguille
Elle a le bout du doigt tout noir,
Et ses yeux au travail du soir
Se sont affaiblis… Pauvre fille !

Hélas ! tu n’as ni feu ni lieu ;
Pleure et mendie au coin des rues :
Les palais sont pour nos statues,
Et tu sors de lan main de Dieu !

Ta beauté n’aura point de temple.
On te marchandera ton corps ;
La forme sans âme, aux yeux morts,
Seule est digne qu’on la contemple.

Dispute aux avares ton pain
Et la laine dont tu te couvres :
Les femmes de pierre ont des Louvres,
Les vivantes meurent de faim !

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